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Nuit des idées « L’imagination au pouvoir »

Salt Galata
25.01.2018 - 07:00

L’Institut français à Istanbul prend part à l’édition 2018 de la « Nuit des idées », placée cette année sous le thème de « L’imagination au pouvoir ». Des spécialistes reconnus sont invités à exposer leur pensée, de manière simple et accessible au grand public. Les rencontres se tiennent à Salt Galata, partenaire de cet événement. En parallèle, deux films et une exposition du photographe Ali Borovalı viendront donner un éclairage complémentaire à cette thématique.

L’Institut français à Istanbul prend part à l’édition 2018 de la « Nuit des idées », placée cette année sous le thème de « L’imagination au pouvoir ». Des spécialistes reconnus sont invités à exposer leur pensée, de manière simple et accessible au grand public. Les rencontres se tiennent à Salt Galata, partenaire de cet événement. En parallèle, deux films et une exposition du photographe Ali Borovalı viendront donner un éclairage complémentaire à cette thématique.

Traduction simultané (Français-Turc/Turc-Français)

Rencontre de 19 à 21h sur la thématique « Imagination et pouvoir » entre M. Régis DEBRAY & M. Olivier ABEL

Modérateur : M. Ali AKAY

Les printemps 68 voulaient porter l’imagination au pouvoir. Dans un pamphlet célèbre à l’occasion du 10ème anniversaire de Mai 68, Régis Debray estimait que c’était surtout le marché qui avait ainsi été porté au pouvoir, par la dérégulation imaginaire ainsi ouverte. De fait l’imagination dite créatrice ou recréatrice pilote aujourd’hui le design, l’urbanisme, l’industrie de la culture et du tourisme, et même la religion dont Paul Ricœur disait qu’elle formait le noyau éthico-mythique de toute culture, à la fois sa traditionalité et sa créativité.

Quelle place accorder à la fiction dans un monde bouleversé par l’industrie numérique ? La fiction est partout, sa puissance de critique, d’exploration et de configuration de nos réalités n’a d’égale que son pouvoir de mystification, d’illusion, de fuite hors du réel — ou de surenchère identitaire. Cette question est au cœur du politique aujourd’hui. On retrouve ainsi la question du printemps 68 : comment penser l’articulation entre le politique et l’imaginaire ?

La remise en question du roman national par l’intelligentsia française, jointe à la sécularisation accélérée de la société, si elles ont libéré la capacité critique, ont également provoqué une panne d’espérance collective. Que resterait-il de la chose politique si elle devenait orpheline de toute construction ou croyance imaginaire ? Quand on voit que le gouvernement français, pour faire accepter son appel au réalisme économique, doit s’inscrire dans une symbolique nationale (Jeanne d’Arc, le Louvre, de Gaulle), on devine que la question mérite d’être posée. Elle concerne au fond l’assèchement mythologique de l’Occident.

Régis DEBRAY

Régis Debray est un écrivain, philosophe et haut fonctionnaire français. Engagé aux côtés de Che Guevara dans les années 1960, il est emprisonné en Amérique du Sud. Il devient par la suite un écrivain prolifique. Dans le domaine des sciences de l’information, il crée et développe le domaine de la médiologie et fonde la revue Médium. Il a été membre de l’académie Goncourt entre 2011 et 2015.

Olivier ABEL

Élève de Michel Henry, Emmanuel Levinas et Paul Ricœur, il est professeur de philosophie éthique à l’Institut Protestant de Théologie à Montpellier, après avoir enseigné à Istanbul, puis à Paris de 1984 à 2014. Il a créé le Fonds Ricœur et publié entre autres Paul Ricœur, la promesse et la règle (Paris, Michalon, 1996), La conversation,(Paris, Gallimard, 2006), et Pierre Bayle, Les paradoxes politiques (Paris, Michalon, 2017).

Ali AKAY

Ali Akay est professeur de sociologie à l’Université des beaux-arts Mimar Sinan, Istanbul. Il est fondateur des revues Toplumbilim et Plato. Il est l’auteur de nombreux livres sur la sociologie, la philosophie et l’art contemporain. Il a traduit et introduit Gilles Deleuze et Félix Guattari en langue turque. Commissaire d’exposition indépendant (Musée d’art moderne d’Istanbul, Akbank Sanat, etc.). Son livre Seza Paker Reflexives Fluidities est traduit en anglais et ses articles le sont dans de nombreuses langues.

Pause diner de 21h À 22h

 Rencontre de 22h à 00h sur la thématique « L’héritage de Mai 68 vu de Turquie » entre Mme Meltem AHISKA, M. Ufuk URAS et M. Murat BELGE

Modérateur : Mme Ayşen UYSAL  

Le mouvement de Mai 68 a été l’un des événements majeurs de la seconde moitié du XXe siècle. Certes, il n’a pas modifié le cours du monde comme 1789 ou 1917. Il a pourtant ouvert la voie à des changements sociaux profonds tout en se diffusant subrepticement dans de nombreux pays. Il a par exemple favorisé l’antimilitarisme, l’antiracisme, l’égalité des sexes, et de manière plus générale a eu pour effet une  extension du champ démocratique, notamment en renforçant l’emprise populaire sur les décisions politiques et sociales.

Mais alors pourquoi Mai 68 n’a-t-il pas su s’imposer dans le champ politique ? Ce mouvement est-il exclusivement lié à une période, à une génération, à une date et à un lieu précis ? Ou au contraire, l’héritage de Mai 68 peut-il encore servir de source d’inspiration aux mouvements contemporains de lutte pour la liberté, en Turquie et ailleurs ? Peut-il nous aider à remettre en cause le modèle dominant de société patriarcale ? Comment se réapproprier ce souffle?

Afin de mieux comprendre l’héritage de Mai 68 en Turquie, les intervenants de cette deuxième table-ronde proposeront une relecture historique s’appuyant sur les codes culturels nationaux. Ils interrogeront également le pouvoir utopique des rêves. Que reste-t-il des rêves de Mai 68 ? Peuvent-ils inspirer de nouvelles formes de solidarité pour les jeunes générations ?

Meltem AHISKA

Meltem Ahıska est professeur de sociologie à l’Université du Bosphore. Ses travaux sur l’occidentalisme, la mémoire sociale, le genre et le féminisme, ont été publiés dans divers ouvrages et magazines en Turquie et dans le monde. Elle a participé à la publication des magazines Akıntıya Karşı,  Defter, et Pazartesi. Elle a également écrit des poèmes et paroles de chanson et a assuré le commissariat d’expositions. Elle est membre du comité de rédaction du e-magazine Red Thread.

Ufuk URAS

Homme politique et écrivain, Ufuk Uras  a été président de la Société des économistes de Turquie (IFMC), du syndicat du personnel enseignant (ÖES) ainsi que du parti Liberté et solidarité (ÖDP). De 2007 à 20011, il est député de la circonscription d’Istanbul à la Grande Assemblée Nationale. Il est également fondateur du Parti de la Gauche verte (2012), professeur de sciences politiques, et l’auteur de dix livres.

Murat BELGE

Ecrivain, traducteur et universitaire Murat Belge est l’un des fondateurs des revues Halkın Dostları, Yeni Gündem et Birikim. Il fût l’éditeur en chef de la maison d’édition İletişim. Il est actuellement directeur de département et professeur de littérature comparée à l’Université Bilgi. Membre actif de l’Assemblée européenne des citoyens d’Helsinki, il continue d’écrire pour le  journal indépendant en ligne T24 et la revue Birikim.

Ayşen UYSAL

Professeur à l’Université du 9 septembre à Izmir, elle a été mise à pied de ses fonctions pour avoir signé la déclaration des « universitaires pour la paix » le 28 juin 2017. Elle est chargée de recherche au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris au sein de l’équipe cultures et sociétés urbaines (CRESPPA-CSU) ainsi qu’au Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBAC). Ses travaux sur les mouvements sociaux, l’activisme politique, la police et les partis politiques ont été publiés en plusieurs langues. Elle est auteur de plusieurs ouvrages sur ces thématiques.